Préparer sa retraite, on y pense souvent… mais ça ne semble être jamais le bon moment. Pourtant, mieux vaut s’y atteler au plus tôt. Vérification du relevé de points, des droits liés à son statut, audit d’un assureur, autant d’initiatives qui permettent d’y voir plus clair et d’anticiper les mesures à prendre pour optimiser ses revenus futurs. Grégory Ceugniez, responsable national Développement Réseaux Propriétaires chez Swiss Life, nous apporte son éclairage.

Lorsque l’on parle retraite, tous les dirigeants sont-ils logés à la même enseigne ?
Grégory Ceugniez
: Clairement, non, car le statut d’un dirigeant va impacter l’environnement du régime obligatoire : niveau d’assiette de revenu, de cotisation et donc des prestations à long terme… Par exemple, le dirigeant exerçant en SAS aura un statut social proche d’un cadre mais sans la protection chômage. Autre exemple, entre un entrepreneur individuel en nom propre et un travailleur non salarié en SARL, les assiettes de revenus prises en compte seront différentes.

De même, imaginons deux dirigeants, l’un avec le statut de travailleur non salarié (cas d’un gérant majoritaire de SARL) et l’autre président de SAS (statut de quasi-salarié). S’ils optent tous les deux pour une partie de leur rémunération en revenu de gérance ou salaire (pour le président) assortie d’une autre partie en dividende, ils n’auront pas non plus la même assiette de cotisation. Certains dirigeant pensent ainsi cotiser sur la totalité de leurs revenus, y compris les dividendes, alors que ça n’est pas toujours le cas.

Il est indispensable d’analyser les revenus servant de base aux cotisations Une projection des droits à la retraite (bilan retraite) s’effectue ainsi sur la base des revenus anticipés sur une durée et sur une assiette précise – cette dernière variant en fonction du statut. Pour toutes ces questions assez techniques, il ne faut pas hésiter à demander conseil à des spécialistes de la retraite, comme Swiss Life pour bien comprendre quelles sont les options possibles.

Des règlementations récentes viennent-elles modifier la préparation de sa retraite ?
G.C. : Le dernier changement en matière de solutions de préparation des revenus de fin de carrière, en date est la loi PACTE de mai 2019 et l’apparition du nouveau Plan Épargne Retraite (PER). À la différence du PERP ou du contrat retraite Madelin, le PER est un produit universel conçu pour simplifier les dispositifs et permettre même en cas de changement de statut social (salarié, dirigeant non salarié…) une meilleure portabilité dans le temps des solutions en place. Ce nouveau dispositif peut recevoir l’essentiel des produits retraites : solutions individuelles, épargne salariale, catégorielle… Il s’adapte au dirigeant quel que soit son statut. La sortie du contrat s’effectue soit en rente, soit en capital total ou fractionné (en fonction du type de versement).

Autre avantage : si un dirigeant est en âge légal de bénéficier de ses droits à la retraite mais souhaite poursuivre son activité en « levant le pied », il peut débloquer son produit de retraite complémentaire sans déclencher les droits du régime obligatoire. La sortie de contrat est généralement l’étape qui amène le dirigeant à s’interroger : capital ou rente ? Quelles conséquences sur ma fiscalité ? Nous avons alors un rôle de conseil important à jouer pour aider les dirigeants à faire leur choix en toute connaissance de cause.

Ces choix nécessitent une grande transparence entre le dirigeant et son assureur…
G. C. : C’est certain. La retraite est le métier d’origine de Swiss Life et nous avons été la première compagnie à proposer un PER individuel. Nous savons combien la relation de confiance entre un dirigeant et son conseiller est primordiale sur ces questions, car il y a de gros enjeux personnels pour le dirigeant. Lors de l’audit visant à déterminer sa situation, nous prenons d’abord une « photographie » du passé en vérifiant que les trimestres ont bien été validés, sans trou et sans erreurs. Nous réalisons ensuite des projections pour mettre en place une stratégie en choisissant des solutions permettant de générer des revenus de remplacement.
Afin de bien conseiller le dirigeant (parfois en collaboration avec l’analyse de son expert-comptable), il est nécessaire de travailler en confiance et de manière transparente à la fois sur l’ensemble des revenus dont il dispose, pour déterminer son assiette de cotisation, mais aussi sur son besoin futur : quel pourcentage de revenu souhaite-il conserver à la retraite ?

Une bonne compréhension de ses besoins aidera par ailleurs à mixer les solutions assurantielles : depuis 2005, le dirigeant peut par exemple bénéficier de l’épargne salariale s’il emploie au moins un collaborateur. Ce type de dispositif permet d’accélérer grandement la constitution de son revenu de remplacement par rapport à un système d’épargne classique.

Quel conseil donneriez-vous à un dirigeant soucieux d’anticiper ?
G. C. : Mon conseil est de se lancer le plus tôt possible, à la fois pour l’effet boule de neige produit par la capitalisation des cotisations, mais aussi pour avoir un objectif clair en ligne de mire. Bien sûr, les estimations à un instant t vont évoluer sous l’effet de l’évolution des règles (exemple la future réforme des retraites). De même, une variation importante de rémunération amènera à réévaluer les projections, en prenant en compte le plafonnement des assiettes. C’est pourquoi je conseille de faire le point avec son conseiller régulièrement dès que l’environnement ou la situation personnelle évoluent, par exemple quand on change de statut social ou de structure de rémunération. Cette confiance, inscrite dans la durée, contribuera à mieux préparer sa retraite au-delà même des contrats complémentaires : nous accompagnons par exemple les dirigeants dans la cession d’entreprise afin de les aider à profiter au mieux leurs vieux jours. Nous pouvons alors proposer un véritable conseil global.

 

Interview réalisée avec ImagineE Brand Studio - Les Echos