En décembre, la hausse des prix a atteint 5 % sur un an en zone euro. Elle pourrait s’établir à 3,2 % en moyenne en 2022, selon la BCE. Des tensions inflationnistes qui pourraient faire remonter les taux. Quelles conséquences en tirer pour son épargne ? Swiss Life vous aide à y voir plus clair sur le contexte actuel pour vous permettre de faire vos propres choix en matière de placement.

Voilà deux ans que la lutte contre la Covid-19 a commencé. Si, sur le plan épidémique, la situation reste toujours tendue, sur le plan économique en revanche, les nouvelles sont plutôt encourageantes en ce début
d’année. Les actions inédites entreprises par les gouvernements et les banques centrales pour lutter contre les effets de la pandémie ont porté leurs fruits en 2021 : le PIB mondial a progressé de 5,8 % et la croissance française a atteint un point haut de 52 ans à 7 %. 

Mais ces injections massives provoquent une surchauffe de l’économie. La demande, très forte, bute sur des difficultés : rupture des chaînes d’approvisionnement, explosion du prix des transports, tensions sur les
matières premières et l’énergie… autant de facteurs qui conduisent à une flambée des prix pour le consommateur. L’indice des prix à la consommation, qui mesure l'évolution du niveau moyen des prix des biens et services consommés par les ménages, a progressé sur un an de 2,8 % en France, de 5,3 % en
Allemagne et jusqu’à 7 % aux Etats-Unis.

Pour l’épargnant, ne pas en tenir compte et garder son argent sur son compte en banque, c’est s’exposer à voir son bas de laine fondre inexorablement.

Jugée temporaire par la Banque centrale européenne, cette inflation n’en reste pas moins bien réelle. "Pour l’épargnant, ne pas en tenir compte et garder son argent sur son compte en banque, c’est s’exposer à voir son bas de laine fondre inexorablement, rappelle Christian Bito, professeur de finance à l’ESSEC et Vice-Président de Swiss Life Gestion Privée. Ainsi, 100 euros déposés aujourd’hui ne vaudront plus que 97 à la fin d’année si l’inflation se maintient à 3 %." 

Plus largement, les placements monétaires et obligataires sont à utiliser avec parcimonie. Du fait des taux toujours très bas, ils offrent des rendements nuls voire négatifs et la perspective de remontée des taux du fait de l’inflation fait courir un vrai risque de moins-value. Les obligations indexées sur l’inflation, en revanche, peuvent avoir de l’intérêt. "Des gestions obligataires indexées sur l’inflation, mais aussi celles utilisant des titres à taux variable ou à très court terme pourront suivre la hausse des taux", explique Christian Bito. Mais attention à leur technicité qui nécessite de bien se faire accompagner. 

Plus traditionnel, l’immobilier – physique comme la "pierre-papier" – est une option à garder en tête du fait de l’indexation des loyers sur l’inflation et de la hausse continue des prix de revente. Mais cette stratégie n’est pas exempte de risques : si la poussée inflationniste conduit les banques centrales à augmenter leurs taux directeurs – comme la Fed envisage de le faire dès mars –, le crédit bancaire et, à sa suite, le marché immobilier pourraient connaître un coup d’arrêt net. 

Historiquement plébiscités en cas de flambée de l’inflation, l’or et les métaux précieux ne sont pas non plus une réponse adaptée à la situation actuelle. "Nous ne sommes pas dans une crise de confiance et un régime d’hyperinflation qui justifieraient un retour sur ce type de protection qui n’apporte aucun rendement", signale Christian Bito. Investir dans les matières premières, via des actions de sociétés du secteur de l’énergie, a davantage de sens. 

Le marché actions dans son ensemble doit être privilégié, en tenant toutefois compte du degré de risque qu’en tant qu’épargnant, on est prêt à accepter. Outre le secteur de l’énergie, celui de la construction et du
bâtiment devrait profiter de la croissance. Les sociétés du luxe sont également bien positionnées, le "pricing power" de leurs marques permettant de répercuter les hausses de coûts de production et de conserver des marges élevées. Le secteur bancaire, aujourd’hui très décoté, devrait, lui aussi, bénéficier de la normalisation des taux : les établissements pourront réduire le coût de leurs dépôts et augmenter leur marge d’intérêt. Les valeurs technologiques, en revanche, pourraient voir leur valorisation pénalisée par la hausse des taux.

À plus long terme, la conséquence probable de l’inflation créée par l’utilisation massive des déficits budgétaires sera, qu’un jour ou l’autre, austérité et rigueur reviendront au premier plan. Peut-être pas dès 2022, année électorale, mais dès 2023, comme l’Allemagne le prévoit. "Il est primordial de 'saturer' les dernières solutions offrant un havre de paix fiscal à l’épargnant français", recommande en conclusion Christian Bito. Cela concerne notamment le livret A, seul support à proposer un rendement positif – il vient d’être relevé à 1 % –, sûr et défiscalisé, et le PEA. Mais c’est surtout le cas de l’assurance vie, qui bénéficie encore d’avantages successoraux et fiscaux très importants tout en permettant d’intégrer l’ensemble des solutions de gestion évoquées précédemment.