Éric Bleines, Directeur général de Swiss Life Gestion Privée, fait le point sur la situation économique et financière en cette fin d'année, dans un contexte toujours marqué par l'inflation et les tensions sur les prix des matières premières.

Les Bourses viennent d’enregistrer deux mois de forte progression. En octobre, l'indice CAC 40 a ainsi gagné 8,9 % et a poursuivi sur sa lancée en novembre, avec une hausse de 7,4 %. Le pic d’inflation semble avoir été atteint aux Etats-Unis, les prix du gaz et du pétrole ont reflué et la politique zéro-Covid en Chine est en passe de s’assouplir. Ce sont autant de facteurs qui ont porté les marchés et en particulier les secteurs de la
technologie et du luxe.

Dans ce rallye de fin d’année anticipé, la France a donc très bien tiré son épingle du jeu. Une performance qui reflète le retour des investisseurs américains sur les Bourses européennes. Inquiets des décisions idéologiques, de la crise immobilière et du ralentissement économique en Chine, les fonds internationaux américains ont préféré arbitrer, à partir de la fin du mois de septembre, sur les entreprises européennes,
dont les valorisations étaient devenues très attractives. Les perspectives d’un allégement des contraintes sanitaires en Chine ont ensuite soutenu les perspectives du secteur du luxe, au profit de Paris.

Depuis début 2022, le CAC 40 recule de 5,8 %, quand le S&P500 s’enfonce de 14,4%, le CSI chinois de 22 % et le Nasdaq de 26,7%.

Peut-on encore attendre de bonnes nouvelles ?

L’essentiel du rallye est derrière nous. Certes, l’évolution de l’inflation laisse penser que la Réserve fédérale américaine (Fed) va ralentir le rythme de hausse de taux. Mais les sources d’inquiétude restent nombreuses pour 2023. Les marchés demeurent très fébriles lorsqu’il est question des niveaux de dette publique : le temps n’est plus au "quoi qu’il en coûte". Les taux américains pourraient également ne pas baisser autant que le consensus l’anticipe : il ne faut pas oublier l’effet qu’aura le retrait, par la Fed, des liquidités injectées au moment de la crise sanitaire.

En 2023, la Fed va retirer des marchés financiers 2 800 milliards de dollars, soit le double du montant retiré cette année. D’un point de vue macroéconomique, la consommation va ralentir. Les entreprises vont commencer à faire face à des baisses de volume d’activité. Enfin, les problématiques géopolitiques continuent d’être prégnantes.

Comment réagissez-vous dans ce contexte ?

Nous restons prudents. Les actions ne sont pas "bon marché", les bénéfices seront sous tension du fait de la baisse des volumes, de la hausse des matières premières et des coûts salariaux. Oui, suite à cette remontada boursière, nous considérons que les niveaux actuels des indices se situent à des points élevés. Nous
finissons donc l’année avec un niveau significatif de liquidité en portefeuille qui sera utilisé pour saisir les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter.

Pour générer de la performance, nous nous sommes positionnés ce mois sur des obligations d’entreprise de grande qualité dont les perspectives de rendements ont très favorablement évolué cette année. Nous le faisons par des investissements en direct, comme par exemple sur la dette de Volkswagen ou via des fonds (Sanso Objectif Durable 2024 et Green Bond Investments par exemple).

Nous sommes positifs également sur les valeurs qui distribuent des dividendes significatifs, comme TotalEnergies, BNP Paribas, AXA, Eiffage, Vinci ou encore Engie. Dans une optique de prise de profit opportuniste après la hausse rapide, que nous venons de connaitre, nous avons allégé les pondérations sur les valeurs de croissance telles que LVMH ou encore notre exposition au Nasdaq. Nous avons enfin allégé notre position sur les métaux précieux, qui pâtissent de la hausse des taux courts.

Achevé de rédiger le 9 décembre 2022