C’est ce que Monsieur Powell, président de la FED, a déclaré lors du symposium des banques centrales à Jackson Hole en ce début d’automne 2024. Retrouvez sans attendre les éclairages et analyses macro-économiques de Christian Bito, vice-président de Swiss Life Gestion Privée et professeur de finance à l’Essec, et notamment ce qui va changer pour votre épargne.
Traitement de choc depuis 2022 / Que s’est-il passé ?
La forte reprise économique qui a suivi la crise du covid et la guerre en Ukraine ont provoqué la résurgence de l’inflation. En 2022 toutes les Banques centrales occidentales érigent en priorité la lutte contre la flambée des prix car l’inflation grimpe jusqu’à 9,1% en juin aux Etats-Unis et 10,6% en zone euro. Elles administrent un traitement de choc en propulsant à la hausse les taux d’intérêt. Les taux directeurs passent de 0% à 4,75% pour la BCE et 5,5% pour la FED. Les institutions surenchérissent les couts du crédit afin de freiner la demande et ainsi la pression sur les prix. Afin d’éviter la spirale salaire-prix des années 80, leur action a été maintenue jusqu’à cet été 2024. Les seuls pays qui alors ne suivent pas ces politiques restrictives sont la Chine et le Japon. En 2022, l’inflation en Chine culmine à seulement 2,8% et le Japon peine à relancer une croissance atone et ne relève pas ses taux
Les conséquences sur les marchés
Durant cette période, les placements de taux d’intérêt sous toutes leurs formes ont bénéficié d’un rendement redevenu positif. Ainsi, les comptes à terme, l’actif en euro des contrats d’assurance-vie, les placements de trésorerie, les gestions obligataires, les fonds à échéance (ou fonds datés), les produits structurés ont offert des performances élevées pour un degré de risque principalement modéré. L’immobilier a en revanche été particulièrement touché car ce secteur dépend directement des conditions de financement. Il est sensible à la hausse des taux. Les marchés d’action ont été inégalement impactés : les grands indices composés de valeurs internationales ont globalement bien résisté, Etats-Unis en tête. Les sociétés américaines ont su maintenir des niveaux de profitabilité élevés, un endettement faible et gérer la hausse de leurs coûts. Les développements de l’Intelligence Artificielle ont dopé les valeurs technologiques. Mais c’est au prix d’une volatilité plus élevée. Les marchés émergents, les sociétés de petite et moyenne capitalisation ont subi la concurrence de placements en bons du Trésor US à plus de 5% !


Changement de cap !
Monsieur Powell, le président de la FED l’a annoncé officiellement lors du symposium des banques centrales à Jackson Hole en ce début d’automne 2024 : « le temps de la baisse des taux est venu ». L’inflation est revenue proche de l’objectif fixé à 2% en moyenne. Aux Etats-Unis, elle s’établit maintenant à 2,4%, 1,7% en zone euro et 1,1% actuellement en France. Déjà début septembre, la BCE abaisse son taux de refinancement à 3,65%, 3,4% en octobre et la FED à 5%. Et il était temps puisque durant cet été beaucoup ont craint que la croissance bascule en récession. La Chine est freinée par le vieillissement de sa population (l’âge de la retraite va être repoussé à 63 ans) et l’ampleur de sa crise immobilière. Depuis le début de l’année, la trajectoire de sa croissance est inférieure à l’objectif fixé par les autorités de +5%. Ce qui impacte directement l’industrie Allemande et aussi un secteur qui pèse lourd sur notre marché domestique, le luxe. La France subit de surcroît les conséquences de la dissolution de l’Assemblée nationale qui retarde la mise en place de la trajectoire budgétaire. Or, l’Europe nous contraint à réduire notre déficit. Il devrait dépasser 5,8% du PIB. L’INSEE prévoit un dernier trimestre qui, après l’effet des jeux olympiques, retomberait à -0,1%. Les taux d’intérêt de notre dette d’Etat ont augmenté par rapport à la référence allemande de 0,20% pour atteindre 0,78% de plus par an. Sur une échéance à 10 ans, l’Etat Français emprunte à presque 3%, soit un taux légèrement supérieur à l’Espagne. Néanmoins, nous ne devrions pas ralentir au-delà. La BCE a révisé légèrement à la baisse la croissance de la zone euro pour 2024 qui serait encore à +0,8%, mais confirme une reprise progressive avec +1,3% en 2025 et +1,5% en 2026. Plusieurs facteurs expliquent ce relatif optimisme.
C’est principalement l’économie américaine qui permet à l’économie mondiale de ne pas chavirer en 2024. Les perspectives revues à la hausse du FMI la positionne à +2,7% pour 2024. Malgré l’approche des élections présidentielles, le consommateur américain est toujours aussi résilient : les ventes de détails progressent encore de 1,7% sur un an, l’indice de confiance des consommateurs de l’Université du Michigan touche encore à 68,9 malgré un taux d’épargne descendu à 4,8%. Les services qui pèsent près de 80% du PIB sont encore mesurés en expansion dans les indicateurs PMI. Cette bonne santé se traduit dans les performances de la bourse américaine, à fin septembre environ 20% de plus pour le S&P 500 que l’indice CAC 40 depuis le début de l’année (au 30 septembre, le CAC 40 affichait +1,3% YTD).
Et maintenant, la prise de positions des autorités chinoises fin septembre lors d’une réunion exceptionnelle du ‘politburo’ permet de croire au réveil de la deuxième économie mondiale. Un premier train de mesures pour soutenir la consommation et le logement totalisera l’équivalent de 285 milliards de dollar. Surtout, la Banque Populaire de Chine enclenche une politique accommodante. Ses taux directeurs sont encore élevés (3,35%) et l’inflation n’est qu’à 0,4% sur un an. Les propos de monsieur Pan, le président de la banque centrale permettent d’anticiper que la troisième grande banque centrale va rejoindre la FED et la BCE dans un vaste mouvement de baisse des taux, d’assouplissement des conditions financières. La dernière fois qu’une telle coordination s’était produite, lors de la crise du covid en 2020, l’impact avait été massif et provoqué le rebond mondial des économies dès 2021.
Quel impact sur les stratégies en matière d’épargne ?
Les prochains mois et années vont donc s’inscrire dans un contexte radicalement différent. Il est encore difficile de savoir à quel rythme les taux d’intérêt vont baisser mais il semble que la tendance soit inéluctable. Bien entendu, des événements imprévus d’ordre politique, géopolitique ou climatique pourraient modifier ce scénario. Les annonces de la FED et la BCE penchent pour une approche graduelle, progressive en fonction des statistiques d’inflation afin d’éviter une rechute (‘data dependent’). Concrètement, « ce qui eut payé, paiera de moins en moins ». Il est donc recommandé de profiter de cette période pour réfléchir à l’opportunité de faire évoluer l’allocation de son épargne. Plusieurs axes nous semblent pertinents :
- Profiter des opportunités (les dernières ?) qui vont s’amenuiser dans le temps pour capter des placements en produits de taux d’intérêt. Déjà, sur les emprunts d’Etats français à dix ans, les taux d’intérêt ont baissé à 2,95%. Mais les obligations d’entreprises de bonne qualité proposent encore des rendements attractifs.
- Revenir progressivement sur les marchés d’action : depuis trois ans, d’importants montants d’épargne se sont positionnés sur des produits de trésorerie à court terme. Par exemple, aux Etats-Unis, sur les douze derniers mois, plus de 1000 milliards de dollars ont été souscrits dans des fonds monétaires totalisant un niveau historique de 6500 milliards de dollar, presque autant que le bilan de la FED ! Il est probable qu’une partie de ces capitaux reviendront alimenter les marchés d’action dans le futur, à la recherche de rendement supérieurs, mais rappelons-le avec les risques inhérents aux bourses.
- Rechercher les opportunités : les petites capitalisations délaissées depuis plusieurs années retrouveront certainement leur intérêt lorsque la baisse des taux d’intérêt impactera l’activité économique et fera rebondir l’activité. Le recul des prix dans l’immobilier offrira potentiellement également des fenêtres de retour.
- Surtout, privilégier la diversification : en effet, le marché américain est bien orienté mais touche ses plus hauts historiques. La France, l’Europe sont en retard mais offrent des valorisations plus attractives. Les marchés émergents ont été délaissés au profit du dollar ; la baisse des taux américains permettra certainement des retours des liquidités sur ces zones. Le climat géopolitique international pèse encore sur ces placements plus volatiles, cependant, une approche sélective des pays, secteurs et valeurs pour y investir retrouvera son intérêt.
Quel est le bon timing ? Quelles solutions possibles selon vos besoins et objectifs ? Contactez votre conseiller Swiss Life pour faire le point. Appuyé par nos experts « maison » si besoin est, il étudiera avec vous votre situation patrimoniale et vous accompagnera pour que vous puissiez décider d’une stratégie adaptée pour votre épargne dans ce nouvel environnement, et contribuer ainsi à construire votre indépendance financière.
Achevé de rédigé le 18 octobre 2024, par Christian Bito, vice-président de Swiss Life Gestion Privée et professeur de finance à l’ESSEC.
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