Serge Pizem, Directeur Général Swiss Life Gestion Privée, décrypte pour vous l’actualité macro-économique. Retrouvez sans attendre ses éclairages et analyses.
Les annonces de l’administration américaine lors du 2 avril que le président Trump a appelé ‘Libération Day’ ont provoqué un choc sur les marchés financiers planétaires. L’indicateur de volatilité VIX sur l’indice S&P 500 s’est envolé à un niveau supérieur à 40% (pic de 60%), comparable à la crise du covid ou de la dette grecque de 2011. La chute des indices est la conséquence des nécessaires révisions des perspectives de croissance économique et des bénéfices des entreprises que de tels tarifs douaniers devraient entrainer si les négociations n’aboutissent pas.
Les Etats-Unis, qui ont joué un rôle moteur dans la croissance mondiale en 2025 avec un PIB proche de +2,5%, vont subir les premiers le surenchérissement des biens importés nécessaires à son industrie et sa consommation. Déjà, la FED avait revu lors de sa dernière réunion la croissance prévue en 2025 en baisse à 1,7%. Alors qu’ils avaient été révisés à la hausse en Europe et en Chine, les profits des entreprises américaines sont revus à la baisse. Il est fort probable, en fonction des taux des droits de douanes appliqués que les prévisions aillent plus bas car les hypothèses se fondaient sur des taxes aux environ de 10% alors que les chiffres affichés au Libération Day sont deux à trois fois plus élevés.
La Chine sera aussi fortement impactée puisque les USA sont ses premiers clients pour près de 500 milliards de dollars d’exportations. Néanmoins, elle a décidé d’orienter ses futurs plans vers la consommation domestique, notamment en augmentant son déficit budgétaire avec des dépenses et baisses d’impôts en faveur des ménages. Dans les semaines à venir, nous assisterons peut-être aussi à la mise en place de nouveaux partenariats avec l’Europe en réponse à l’escalade des droits de douane évoquée de part et d’autre. Donald Trump parle de droits portés à 103% pour la Chine à l’heure où nous écrivons.
Au cours du premier trimestre de l’année, l’Europe a créé positivement la surprise : l’Union européenne vient de se mettre d’accord sur la nécessité de reconstruire de manière urgente ses capacités de défense, tandis que l’Allemagne annonce un abandon de sa doctrine des déficits contrôlés et un plan de relance massif de 500 milliards.
L’Allemagne, qui reprenait potentiellement le rôle moteur de la future reprise de la croissance en Europe avec son plan d’investissement de 500 milliards d’euros, arrivait en tête des performances des indices de la zone euro depuis le début de l’année. Mais ce pays sera particulièrement touché par une hausse de 20% des droits sur environ 116 milliards de dollars en 2024 vers les Etats-Unis, son premier client.
La France exporte environ 50 milliards de dollars par an vers les Etats-Unis, soit 7% de ses exportations avec ce pays, notre cinquième client. Si les négociations n’adoucissent pas ces tarifs calculés de manière arbitraire par l’administration américaine (cf encadré), les perspectives économiques de croissance en zone euro s’assombrissent nettement. Le ministre des Finances évoquait la révision de nos chiffres pour 2025 à +0,7% vs +0,9 mais c’était avant le Liberation Day. Déjà, la BCE était revenue à un chiffre de +0,9% pour 2025 pour la zone. Les premières estimations abaissent plus avant ces chiffres.
Ces ajustements expliquent l’actuelle sous-performance des bourses depuis janvier. Citons néanmoins les facteurs positifs de ces nouveaux développements politiques qui pourront peut-être changer la tendance : les taux d’intérêt obligataires ont reculé ainsi que le cours des matières premières. Le baril de Brent est passé sous 65 dollars, en recul de près de 20% depuis mi-janvier. Les taux à dix ans US sont repassés vers 4% et les taux européens qui s’étaient tendus compte tenu des différents plans de dépenses dans le domaine de la défense ont, eux aussi, reculé. Il est également probable que la BCE et la FED interviennent sur les taux directeurs. Les négociations dorénavant ouvertes avec plus de 70 pays aboutiront peut-être à des chiffres plus raisonnables, comme pour le Royaume-Uni taxé à 10%.
Enfin, le ‘Liberation Day’ a monopolisé l’actualité mais les autres sujets géopolitiques, tels l’Ukraine, justifient la poursuite des efforts dans le domaine de la défense et la cybersécurité.
La surenchère à laquelle nous assistons entre la Chine et les États-Unis depuis l'application des taxes le 9 avril (125% à l’entrée aux USA, 84% du côté chinois au moment où nous écrivons) va grever les plus importants flux du commerce international. A l'évidence c'est un jeu perdant-perdant pour la croissance de chacune des deux premières puissances économiques mondiales. Le monde entier serait touché. Imaginez le prix d'un iPhone fabriqué avec des composants importés de Chine et revendu en Chine !
Heureusement il est possible d'espérer une accalmie, voire une désescalade, puisque Donald Trump annonce un délai de 90 jours suspendant à 10% les droits de douane avec les autres pays afin de mener des négociations.


La Solution de l’énigme du tableau de la maison blanche !
Vous avez certainement été surpris par les chiffres sur le tableau de Donald Trump. Il a justifié une réponse ‘réciproque et modérée’ en fonction des droits de douane que chaque pays fait supporter aux Etats-Unis. Or, personne n’a réussi à retrouver les calculs comme le chiffre de 39% que nous appliquerions en France.
La solution est peut-être monstrueusement simple. En tout cas, le calcul suivant se vérifie sur l’ensemble du tableau affiché : pour la Chine par exemple, les importations américaines en provenance de ce pays totalisent environ 440 milliards de dollars. Le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine est d’environ 300 milliards. En rapportant ce déficit au total des importations, cela donne 68%. Et ensuite, l’administration a décidé d’appliquer 50% de ce taux comme nouveau droit de douane ! Le même calcul donne 39% pour l’UE et donc 20%. Incroyable : pour Saint-pierre et Miquelon, dont les seules exportations sont environ 5 millions de dollars de poissons, nous obtenons un ratio de 100% car l’ile n’achète rien aux USA. Ce résultat leur a valu le terrifiant taux de 50% de droit de douane. Les négociations semblent heureusement avancer vers un taux de 10%.
D’une façon générale, vu les fluctuations concernant ces droits de douane depuis la première annonce, il est fort probable que ceux-ci viennent encore à bouger.
Achevé de rédiger le 9 avril 2025 par Serge Pizem, Directeur Général Swiss Life Gestion Privée
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